vendredi 19 avril 2024

Camille Buisset, travailler le cheveu comme un tableau

Un apprentissage auprès d’un patron ? Très peu pour Camille Buisset. Après la mauvaise expérience de sa sœur dans la coiffure, cette jeune femme originaire d’Annemasse, près de la frontière Suisse, est allée se former en école au pays des helvètes. Un choix original qu’elle n’a jamais regretté. À l’image des boucles qu’elle affectionne, Camille Buisset est pleine de rebondissements. 21 ans, et déjà peur de la routine. De la pratique de la peinture pour travailler les couleurs aux plateaux de télévision, elle a la "bougeotte" !

À quand remonte ta passion pour la coiffure ? Peut-on parler de vocation ?

Petite, j’aimais bien la coiffure… mais je ne voulais pas faire un métier en rapport avec l’esthétique. Je voulais être proche des gens : vétérinaire ou sage femme. Ma sœur, qui a huit ans de plus que moi, est partie du collège et s’est lancée dans la coiffure.

Un jour, elle est revenue avec une mallette remplie de sèche-cheveux et de brosses. C’était comme une mallette d’instruments médicaux de vétérinaire, mais pour embellir quelqu’un. J’ai eu une grosse révélation. J’ai commencé à dessiner des cheveux, des coiffures, des salons. 

Que s’est-il passé ensuite ?

Mes parents m’ont inscrite à l’Académie de coiffure qui est une école très prisée, avec six élèves par classe. Quand j’ai présenté mon dossier, la directrice m’a dit que je n’étais pas prioritaire car je n’avais pas de bonnes notes au collège. Mes notes ne me représentaient pas donc je lui ai amené mes dessins de coiffure que je faisais depuis toute petite. Un mois plus tard, j’étais prise !

Après l’école, je voulais prendre mon indépendance. Je suis allée dans un salon à Annecy. Là-bas j’ai vraiment commencé à me spécialiser en technique. C’est ce qui m’intéresse dans la coiffure. Je fais de la peinture à côté, pour moi les deux sont liés. 

Qu’est-ce que la pratique de la peinture peut apporter à une coiffeuse ?

Ça m’aide beaucoup ! Quand je fais un balayage, je réfléchis à la position des cheveux détachés, mais aussi attachés. Chaque partie de la chevelure est différente, ça me rappelle un tableau. Sur mes toiles, je peins de l’art plutôt abstrait. Je peux mélanger plein de couleurs ! Ça m’exerce. Même si on peut penser que la coiffure est un métier assez facile, quand on veut réussir à être excellent, les techniques sont très pointues.

Peinture abstraite de Camille Buisset.

Dans tes coiffures, les boucles reviennent souvent. Est-ce la façon dont tu aimes travailler les cheveux ?

Oui j’aime beaucoup, on appel ça l’effet wavy, c’est très moderne. Quand je dessine un balayage, je vois beaucoup plus les nuances de couleurs si je viens de boucler les cheveux. C’est plus intéressant, ils prennent plus la lumière. C’est un peu le style parisien, fashion week. Tu sais, on a l’impression que tu sors de l’eau alors que tu viens de brocher pendant 30 minutes. Je m’inspire aussi beaucoup de New-York. D’ailleurs si je devais ouvrir mon salon, je ferai surement un loft new-yorkais.

Tu as l’air enthousiaste ! As-tu déjà eu des coups de mou ?

Pendant un temps, j’étais dans un petit salon Franck Provost à Annemasse. On n’avait pas vraiment de lien avec les clientes, on devait appliquer des normes particulières, comme des grilles de couleurs spécifiques pour les teintures. Ça laisse peu de place à la créativité… J’avais l’impression de ne pas être satisfaite de mon travail, de perdre confiance en moi. J’étais un peu triste dans ce salon… En plus, on était tous habillé en noir ! (rires) Je me suis demandée si je devais arrêter la coiffure. Quasiment tout ceux avec qui j’étais en école avaient déjà abandonné. Eux aussi n’arrivaient pas à retrouver ce côté artistique, créatif. 

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Comment t’es-tu sortie de cette mauvaise passe ?

J’ai commencé à faire des concours. Le fait de me lancer des défis, de me mettre dans un esprit de compétition et d’être encouragée, m’a poussé à quitter Franck Provost. C’est là que j’ai découvert le concours Top Stylist de l’Oréal. Les dix gagnants avaient la possibilité d’ouvrir leur propre salon. Je me suis inscrite en me disant « au moins tu l’auras fait ». Finalement, j’ai été sélectionnée et je suis allée en finale ! Je me suis retrouvée avec des gens qui avaient dix années d’expériences derrière eux. Je me demandais ce que je foutais là ! (rires) J’étais face à un jury, avec des gens connus comme Cyril Lignac. Au final, j’étais contente de ma journée même si je n’ai pas gagné. 

Et maintenant, quels sont tes projets ?

Actuellement, je travaille pour Nicolas Waldorf, un coiffeur célèbre sur Paris. Il a ouvert des salons et il participe à l’émission Incroyables transformations sur M6. Je l’assiste pour ses tournages. On s’occupe de gens qui n’arrivent plus à se retrouver au niveau du style, on les aide. Moi je suis vraiment dans les backstages de l’émission avec Nicolas. Je travaille aussi avec lui dans ses salons. Je rencontre plein de monde, ça me boost. Je ne vais pas au même endroit tous les jours. Mon quotidien ce n’est pas : « T’arrives au salon, t’as la petite Chantale qui t’attend au rendez-vous de 9 heures ! » Là je bouge tout le temps !

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