vendredi 29 mars 2024

Alberto V, Le visage de la Tahiti Fashion Week

Parce qu’il a fait de la mode sa marque de fabrique, Alberto Vivian qui signe Alberto V, est un de ceux qui ont trouvé sur une terre d’exile chaussure à son pied. Son parcours est jonché de nombreuses rencontres humaines et de paysages divers. Lui le milanais amoureux du textile au grand désespoir de ses parents qui le voyait déjà architecte.

Il était une fois, Alberto V.

Milan, un jeune homme, la tête pleine de couleurs et de fibres arpente les rues de son quartier natal. Inscrit à l’école des beaux-arts et se destinant au métier de l’architecture, c’est une annonce à la fac qui lui ouvre une toute autre voie : une boutique de vêtements, la boutique Gerard qui conçoit ses propres vêtements et qui importe également d’autres marques, cherche un responsable de boutique.

«  Je suis pris et continue la fac en parallèle. La boutique se trouve en face d’Armani et derrière Fiorucci. »

Si la première enseigne, Armani, ne lui laisse pas de bons souvenirs, sa rencontre avec Monsieur Elio Fiorucci marque le tournant de sa jeune carrière. A l’issu d’un dîner auquel Alberto est convié, Fiorucci lui propose un poste dans sa maison de couture.

Chez lui, il commence par faire le tour du monde pour des voyages d’inspirations. New York ouvre le bal, l’Asie ensuite avec Tokyo, et Paris. Aux voyages d’inspirations succèdent les voyages de production en Inde, Chine, Hong-Kong. C’était l’époque où il y avait très peu d’usines textiles en Italie hormis pour la Haute Couture et le prêt-à-porter de luxe.

« J’ai adoré la création sans limites de Fiorucci qui était avant-gardiste. »

En Inde on lui parle de Tahiti. Habituellement il se rendait aux Maldives en vacances, mais cette fois il met le cap sur cette île nichée en plein cœur du Pacifique. Une plage de sable blanc à Temae sur l’île sœur Moorea, la diversité des peuples et c’est le déclic ! À cet instant précis, il pense que oui, c’était le bon choix.

« J’apprends tous les jours quelque chose, la vie est trop courte pour arrêter d’apprendre »

Avec les beaux-arts et Fiorucci, il rencontre d’illustres noms comme Andy Warhol, Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Madonna, Maripol, Marilyn Gauthier…la liste est trop longue pour être ici énuméré. Alberto V ne fait pas que dans la dentelles, il y a également sa création de tatouages sur du textile à Tahiti. La marque Tahitian Move une Tongue devenue accessoire de mode, le Concours Marilyn Agency agence de mannequins et enfin sa dernière-née La Tahiti Fashion Week avec l’agence de mannequins Brave Models Management.

« L’idée de faire une Tahiti Fashion Week est venue car partout il y a une Fashion Week et nous n’en avions pas »

Crise sanitaire ou pas, Alberto V est de ceux qui ont toujours œuvré pour la promotion touristique de Tahiti et ses îles en sachant s’entourer de toute une équipe de professionnels dont Agnès, Exotic Gardens et bien d’autres. A ce cercle il faut ajouter des créateurs, des jeunes mannequins, de l’artisanat. Il a aussi fait venir de nombreuses personnalités à la réputation mondiale comme Jean-Paul Gauthier, Karl Lagerfeld, François Nars, Sharon Stone, Gian Paolo Barbieri. Avec les personnalités il y a les magazines de renommée internationale comme Vogue, Vanity Fair ou encore Glamour. A son actif : Plus de 30 ans au service de la mode et de l’innovation.

« Pour preuve la TFW digitale a été le premier événement digital en Polynésie. »

Quelles sont les attentes d’Alberto V ? Un musée et une vraie école de mode à Tahiti ! Sauf qu’il est encore bien compliqué d’en parler sans froisser certaines personnes. Selon lui, Tahiti doit toujours être ouverte sur l’extérieur pour tout et surtout dans la mode « On n’est pas le Pito (nombril) du monde. » lance-t-il avant de poursuivre « Je pense que la Polynésie est déjà ouverte au monde, heureusement, à chacun d’entre nous, chacun dans son domaine de continuer à inspirer et s’inspirer de ce vaste monde. »

Ainsi Il s’adresse aux habitants de son pays d’adoption en les invitant à rester eux-mêmes avec leurs richesses culturelles et de continuer d’avancer en ayant les yeux grands ouverts sur le monde :
« Une culture qui ne s’ouvre pas meurt ! ».

Il n’est pas rare de voir la silhouette du grand Alberto V se mouvoir sur les plages qui bordent l’île et le surprendre à rêver de ses prochaines réalisations. Le grand Alberto V qui dirait au petit Alberto de ne pas faire confiance à tout le monde et le rassurerait en lui disant qu’il arrivera à faire tout ce qu’il souhaite.

« Je pense que je relèverai les défis de la même façon malgré les rencontres de personnes néfastes cela m’a aussi permis de lier des liens d’amitié. Car oui, certains habitants de la Polynésie m’ont aidé à toucher du doigt mon but, de la même façon que je les soutiens : c’est un échange. »

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